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    Ca commence comme un carnet de voyage. Baudoin est au Mexique et, à coup de noir et blanc évanescent, raconte les paysans rabougris, les églises d'une solennité atemporelle, les couchers de soleil envoûtants. Mais au Mexique, il y a aussi la belle Neige, avec qui il entretient une relation aussi durable que compliquée

    Dix ans de vie partagée, d'allers-retours, de séparations et de retrouvailles. Et une différence d'âge problématique, un précipice "terriblement profond". Alors le livre change. Le carnet de voyage devient carnet d'un amour intense mais complexe. Et puis Neige intervient : huit pages au fil desquelles elle s'ouvre, se raconte, et porte un éclairage brutalement neuf sur la relation de ce couple incertain. De nouveau, le récit prend une direction inattendue. Le ton autobiographique se désagrège, Baudoin-l'auteur, poussé dans ses retranchements, substitue au Baudoin-personnage un autre personnage, fictionnel cette fois. Un paravent, un coupe-feu, une échappatoire. Avant de retrouver, peu à peu, l'angle pour achever ce livre, revenir à l'autobiographie pour mieux la surpasser. Le tout sans jamais se départir d'un ton contemplatif, ourlé d'une poésie sensuelle.

    Le dessin, rarement enfermé dans des vignettes mais harmonieusement mêlé au texte, accentue encore l'effet de liberté de l’ensemble. Un ouvrage intime, instinctif, à la fois exploration des limites de l'autobiographie et auscultation de cet enchevêtrement confus de sentiments qu'on appelle amour.


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    Deuxième chronique, et second pamphlet habillé d’un pourpoint de velours pour Patrick Rambaud, spectateur assidu des élucubrations présidentielles et des remous de la nation. Si le chroniqueur a bien trouvé un filon, il reprend également le flambeau des écrivains contestataires, en imitant beaucoup, mais en raillant avec une vacherie dont on lui sait gré. Le verbe est toujours aussi haut, habile et sciemment ampoulé, pour mieux dénicher les travers et les déballer sur la place publique.

    On revient sur la visite grotesque et controversée de Muammar al-Kadhafi, l’arrivée de Carla Bruni dans la vie du souverain, toutes formes de ragots régurgités par les feuilles de choux les plus grasses, son voyage en Chine ou ses velléités européennes, avant que ne pointe la crise financière. Mais plus que de ressusciter des images déjà largement diffusées par la presse et sur nos écrans plats, Rambaud y ajoute sa touche, sa propre création sous la forme de dialogues rapportés, déformés, qui frappent où le bât blesse. Des traits de plume personnels qui dépassent la moquerie du chansonnier et s’ouvrent à la véritable composition littéraire. Parce qu’au fond, non seulement aucun des événements répertoriés dans cette chronique ne nous avait échappé, mais son persiflage ne fait pas toujours dans la dentelle et la forme pourrait s’éroder.


    Il est à souhaiter, à cet égard et à bien d’autres encore, que ces chroniques ne dépassent pas le nombre de cinq - comme un quinquennat tragicomique - et qu’elle scellent bien le souvenir d’un règne potache, qui ne fera pas date.

     

     

     

    Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier de Patrick Rambaud

     

    Editeur : Grasset
    Publication :7/1/2009

     

     


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    Dans la lignée d’un postmodernisme allègrement utilisé pour qualifier une indéfinissable vision artistique, le transculturalisme perce depuis une dizaine d’années dans les milieux universitaires et nous est proposé ici en livre d'occasion philosophie . Et à l’image du postmodernisme, le flou - artistique - règne. Dans son essai, principalement constitué de témoignages, d’expériences transculturelles possibles, Claude Grunitzky offre de prolonger la réflexion engagée par son histoire personnelle et son travail de journaliste, notamment de fondateur du magazine et de la chaîne Trace. Et c’est là que réside finalement l’intérêt de ce recueil. Il ne théorise pas, il constate, à force de rencontres plus ou moins éloquentes, de récits édifiants et de photographies probantes (voire un peu faciles).

     

    Cette série de ‘Transculturalismes’ tient plus de l’ouverture, de la pierre à l’édifice que de la démonstration. La notion à une forme, ou plutôt une non-forme. Reste à la définir. Et là, le problème se corse sérieusement.
    Grunitzky affirme que "le transculturalisme (...) permet à certains êtres humains de transcender leur identité originelle en exploitant les identités des autres, sans pour autant perdre les spécificités ou les richesses de leur culture natale." Si l’on veut bien croire que la notion d’identité doit être transcendée pour s’adapter aux mutations sociales, on peine à imaginer que cela puisse se faire sans porter atteinte aux cultures originelles. Aujourd’hui, le village culturel global relève moins de l’utopie que d’une inclination sérieuse. Reste que les frontières du racisme, des communautarismes religieux, du nationalisme barrent l’accès à ce territoire transitif, fluctuant, qui se dessine.

     

    Et le passage du multiculturalisme, notion déjà très occidentale, au transculturalisme relève encore de l’exception. Ce livre ouvre un débat passionnant. Aux philosophes, maintenant, de savoir penser ces flux, cette déstructuration des fondamentaux identitaires.

     

     

     

     


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    La Réserve de Russell BanksPénétrer la réserve des Adirondacks, petit paradis pour privilégiés américains des années 1930, c’est plonger au coeur de l’Amérique des grands espaces, au temps de la transition, entre les cendres encore tièdes de la Grande Dépression et les prémices de la Seconde Guerre mondiale. Un voyage dans le passé, aux frontières du roman noir et de la comédie de moeurs, peuplé de personnages hauts en couleur, synthèses d’une époque et de ses interrogations, qui s’agitent dans ce recoin du monde où résonnent les pas de l’histoire en marche.


    Ce nouveau roman n’est sans doute pas l’oeuvre la plus puissante de Russell Banks, mais il prouve encore que l’auteur est un habile marionnettiste, profondément attaché à la psychologie de ses personnages. De fond en comble, il analyse leurs parcours, le milieu dont ils sont issus, leurs relations aux autres. Artiste du détail, également, il reconstitue méticuleusement leur milieu naturel. Au fond, Banks est un écrivain-anthropologue, doublé d’un savant naturaliste, qui compose des romans foisonnants, des instantanés d’une Amérique aussi vaste que polychrome.

    Patiemment, méthodiquement, il dessine les méandres d’une tragédie dont les acteurs, pris au piège, tentent de défaire les desseins. Peine perdue, le sort est jeté, et dans les mains de Russell Banks, les destins s’accomplissent, inexorablement. Un roman dense, parfois suffocant, et plus mondain que les précédents.

     

    La Réserve de Russell Banks

    Editeur : Actes Sud
    Publication :3/3/2008


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  • livre de Guillaume Renaud tome 2 : Il faut sauver Giffard !Le premier tome, Un espion dans Québec, m'avait beaucoup intéressée. Ce second tome des aventures de Guillaume Renaud est encore plus passionnant! Plus abouti, plus détaillé, ce roman parle de la ville de Québec qui passe aux mains des Anglais. Giffard, le beau-père de Guillaume, vient d'être arrêté et on ne sait rien de ce qui lui arrivera. Guillaume part donc dans les bois pour le retrouver...

    Il fera la rencontre d'Indiens Abénaquis et le lecteur en apprendra beaucoup sur les coutumes de ce peuple, leur communauté, la langue, leurs histoires et leur mythologie. Il y a beaucoup de notes en bas de page qui apportent énormément à la compréhension de l'histoire et du milieu historique dans lequel vit Guillaume. C'est littéralement captivant et c'est très bien écrit. Le roman regorge d'informations historiques sur la vie à cette époque ou l'origine de nos drapeaux par exemple. Le monde dans lequel Guillaume vit est peuplé de légendes comme la chasse-galerie ou alors celle de la dame blanche des chutes...

    Un dossier à la fin du roman encourage entre autres, les lecteurs à découvrir ces légendes par le biais de romans ou de documentaires pour les jeunes. Le dossier parle également du récit, offre une biographie de l'auteur et des informations sur les personnages et les différents peuples Amérindiens (appelés "Indiens" à l'époque ou "Sauvages")
    J'espère que d'autres aventures de Guillaume Renaud sont prévues pour le futur! Quel petit personnage attachant!

    À noter que ce roman s'adresse aux jeunes lecteurs expérimentés.


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